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Le martyrologe des mégalithes de l’Indre
par
Gérard Coulon
Le département de l’Indre conserve aujourd’hui une
quarantaine de mégalithes dont une trentaine de dolmens et une dizaine de
menhirs.[1] Afin
d’affiner ces chiffres et de présenter un répertoire fiable, une
opération de prospection inventaire pour le recensement des mégalithes de
l’Indre a été lancée en 2005 sous l’égide du service régional de l’archéologie.
Pour cet inventaire, la petite équipe que je dirige regroupe Jean-Louis
Girault, chargé des relevés et de la
mise au net des plans normalisés, ainsi que Jaqueline Lorenz (Université de
Paris VI, Laboratoire des bassins sédimentaires), responsable de l’analyse pétrographique des roches.
Erigés entre le IV° et le III° millénaire avant J.-C.,
les mégalithes du département sont parfois remarquables à l’instar du dolmen de
la Pierre Levée (ou des Pierres Folles) à Liniez, du dolmen de la Pierre à
Moulins-sur-Céphons, de celui de Passebonneau à la Châtre-L’Anglin ou encore de
celui des Gorces à Parnac.
Pourtant, en dépit de leur masse imposante, plusieurs
ont disparu, victimes de l’imbécillité, de l’indifférence ou de l’ignorance des
hommes. J’ai pu en recenser 15 dont les dates de destruction s’échelonnent
entre le XVI° siècle et la première moitié du XX°. L’énumération de ces actes
de vandalisme serait fastidieuse – leur liste est donnée en annexe – d’autant
que la plupart sont peu, voire pas du tout
documentés, et que certains de ces blocs n’étaient peut-être pas des
monuments mégalithiques mais des amas naturels plus ou moins organisés. J’ai
préféré centrer mon propos sur quatre études de cas. Elles permettent d’évoquer
les différents mobiles des destructeurs et les moyens – parfois ingénieux –
qu’ils ont mis en œuvre. Ces exemples serviront également de prétexte pour
mentionner d’autres cas semblables de destruction ou de tentatives avortées qui
ont cependant abouti à de regrettables mutilations.
1-
Dolmen de la Buge-Malade à La Châtre-L’Anglin
La source essentielle – et exclusive – est cet extrait
des Recherches archéologiques dans
les environs de Saint-Benoît-du-Sault d’Elie de Beaufort publiées en 1861
dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest [2]:
« C’est seulement une mention qu’il faut faire
de ce dolmen, car ce qui en reste est fort peu de chose. La table fut donnée en
1780 par le propriétaire, défunt M. Bétolaud, à un huilier, qui en fit faire
une meule pour écraser les graines oléagineuses ; d’après les distances de
ses trois supports, elle ne devait pas être très-grande. Ces derniers sont
restés en place jusqu’en 1824 ; il y en avait un très-gros et large d’un
côté ; de l’autre s’en trouvaient deux plus petits se joignant presque et
sur la même ligne. Un de ces derniers fut brisé à cette époque ; le second
eut le même sort quelques années plus tard ; il n’en reste maintenant que
le plus gros, dont la face plane tournée vers l’intérieur était écartée d’un mètre cinquante centimètres de la muraille
opposée faite par les deux autres. Le tout en granite, roche de l’endroit.
Dans un essai de fouilles faites il y a quelques
années, on a rencontré beaucoup de morceaux de charbon, quelques fragments de
briques sans caractères, et une pièce en cuivre jaune, mince, large de trois
centimètres, plane à ses deux faces, et complètement fruste.
Dans la terre dite La Buge-Malade, au-delà du filet
d’eau qui descend du Razimier. »
Un dessin et une coupe (Fig. 1) représentent les
restes de ce dolmen : les trois supports de la même hauteur et, à terre,
un amas de pierres résultant peut-être du débitage de la meule.[3]
Cette réutilisation n’est pas exceptionnelle. A Lourdoueix-Saint-Michel, à la fin du XIX° siècle, le prétendu dolmen avec cromlech de la Grosse Pierre – mais ce n’était probablement qu’une simple accumulation de blocs granitiques – fut enlevé par un habitant du bourg, le sieur Jolly, « pour en faire une base de pressoir », comme nous l’apprend Louis Michon dans sa Monographie de Saint-Plantaire.[4] Un sort identique aurait été réservé au beau dolmen du Chardy à Orsennes si sa table, trop massive, n’avait résisté au ciseau et au marteau des vandales. Cette table en granit se singularise par les larges et profondes rainures qui l’entaillent : une petite croix, une longue rigole et un cercle presque complet. Comme nous l’avons montré avec Michel Aubrun dans un article récent[5], les deux premières ont été réalisées en septembre 1752 lors du bornage de l’ensemble des bois et des domaines appartenant au couvent grandmontain des Châtaigniers. Quant à la courbe taillée à l’une des extrémités de la table, entre 1752 et 1868, elle témoigne d’une tentative avortée de prélèvement d’une meule (Fig. 2). Le ou les auteurs de cette tentative n’ont pas choisi au hasard l’emplacement de ce débitage. L’extrémité arrondie laissait, en effet, espérer le détachement d’une meule de 1,30 m de diamètre. Mais la trop forte épaisseur du bloc empêcha probablement de mener l’opération à son terme, en dépit du creusement d’une large rainure profonde d’une douzaine de centimètres.
Fig.
1 – Dolmen de la Buge-Malade à la Châtre-L’Anglin. Dessin d’E. de Beaufort montrant les trois supports encore en place. |
Fig.
2 – Dolmen du Chardy à Orsennes. Profondément taillée dans le granit, cette
rigole circulaire aurait permis de prélever une meule de 1,30 m de diamètre.
Menée à son terme, elle aurait détruit irrémédiablement le mégalithe (Cliché G.
Coulon). |
2-
Dolmen des Pierres Ambeaux à Sougé
Dans sa Monographie de Sougé[6], publiée en 1912,
Georges Renault écrit : « Il y a trente ans, on voyait encore un
dolmen dans la pièce dite les « Pierres Ambeaux, Rambures ou
Ramboures ». Il était formé de trois grosses pierres en grès siliceux,
semblable à celui qu’on trouve dans les bois du Landais et dans les bois du
Breuil. Les deux plus petites servaient à soutenir la plus grosse. A cette
époque, l’une des pierres de soutènement était penchée sur le sol, de sorte que
les bords de la pierre supérieure touchaient à terre. Avec l’assentiment du propriétaire, MM.
Charpentier Léon et Lacôte Ambroise furent chargés par le maire de briser ces
cailloux. Ils y réussirent en employant
la poudre de mine. Les morceaux qui présentaient encore une grosseur
respectable furent transportés sur la place de l’église, et on en pava le
terrain qui s’étend devant la porte de l’église et l’entrée principale du
presbytère. »
Plusieurs mégalithes ont été ainsi détruits à
l’explosif. On parle de la Pierre Bourrilière à Ciron, brisée en 1945. C’était peut-être un bloc calcaire erratique
mais il aurait pu également s’agir des restes d’un mégalithe. En effet, au
début des années 60, l’abbé Paul Billot fit une fouille sommaire à son
emplacement. Il recueillit quelques
silex taillés et sept fragments d’ossements humains appartenant probablement à
deux individus[7]. Le dolmen de la Pierre
Levée à Saulnay offre un aspect des plus lamentables (Fig. 3). A la fin du XIX° siècle ou au tout début du
XX° –
on parle de 1904 ou 1909 – on le fit exploser afin que les morceaux servent à paver les chemins alentour. L’œuvre
de destruction fut heureusement interrompue et l’on distingue encore
aujourd’hui deux trous de mine qui perforent les blocs[8] (Fig.
4). Mêmes stigmates sur l’énorme polissoir fixe des Augères à Palluau-sur-Indre.[9] Vers 1935, on voulut détruire le bloc qui
émerge dans la cour devant l’une des habitations (Fig. 5 et 6). Mais le
propriétaire prit peur et renonça. Bien lui en prit car la pierre de grès quartzite
se prolonge loin et à faible profondeur : les dégâts auraient été
considérables !
Fig.
3 – Les pauvres vestiges du dolmen de la Pierre Levée à Saulnay, détruit à
l’explosif à la fin du XIX° siècle ou au début du XX° (Cliché G. Coulon). |
Fig.
4 – Dolmen de la Pierre Levée à Saulnay. Trou de mine visible sur l’un des
fragments (Cliché G. Coulon). |
Fig.
5 – Le polissoir des Augères à Palluau-sur-Indre. Trou de mine au milieu des
rainures et des cuvettes de polissage (Cliché G. Coulon). |
Fig.
6 – Le polissoir des Augères à Palluau-sur-Indre ne soit sa survie qu’à sa trop
grande (et heureuse !) proximité des bâtiments d’habitation (Cliché G.
Coulon). |
3-
Menhir de la Grave à Douadic
Parfois, les vandales se font plus subtils. Dans les
années 1860, un menhir se dressait entre le domaine de la Grave et la tuilerie
de la Cave. Laissons la parole à l’abbé François Voisin : « Un
paysan voulut planter une vigne, mais la pierre le gênait. La porter ailleurs,
c’était impossible, la briser c’était un dur travail. Notre homme trouva
mieux : il fit une large et profonde tranchée tout le long de la pierre
puis s’en alla tranquillement chez lui et attendit. La pluie vint, la terre se
détrempa, céda sous le poids énorme du rocher, et celui-ci roula tout seul
jusqu’au fond du fossé. Le paysan revint, en deux heures il remit la terre
par-dessus la pierre et tout fut fini. Qu’on dise après cela que nos Brennous
ne sont pas ingénieux ! »[10]
L’abbé Voisin précise que ce menhir se dressait tout près d’un champ rempli de fondations gallo-romaines. Or sur le dessin montrant une vue cavalière de la villa romaine de Douadic que le curé présenta à Châteauroux au Congrès Archéologique de France en 1873, on voit à l’arrière-plan, entre deux buissons, un bloc ou deux blocs avec la mention « Le Roc de la Grave ».[11] Il s’agit peut-être du menhir que l’abbé a souhaité restituer graphiquement (Fig. 7).
Fig. 7 – Menhir de la Grave à Douadic. C’est peut-être ce mégalithe, appelé ici « Le Roc de la Grave », qui est visible à l’arrière-plan de la vue cavalière de la villa romaine des Petits-Cimetières (Dessin Abbé Voisin). |
Dans Le Berry préhistorique (1878), Ludovic
Martinet indique que la technique du fossé fut également mise en œuvre par le
propriétaire du champ dans lequel s’élève le dolmen de Chalais.[12] La
tranchée fut creusée le long du support de la face nord du monument. Avec les pluies, le pilier glissa, entraînant
la table et provoquant l’inclinaison du support sud. Les dégâts ne défigurèrent
certes pas le dolmen mais selon Martinet, sa hauteur fut réduite de 2,80 m à
1,70 m.
4-
Menhir de la Bernaderie à Chaillac
C’est le cas le plus spectaculaire et le mieux
documenté de ce martyrologe. On déplore
d’autant plus la disparition de ce remarquable menhir haut de 4,25 m, qu’il fut
détruit volontairement vers 1865 dans des conditions particulièrement stupides.
Elie de Beaufort est le premier à le mentionner dans
ses Recherches archéologiques autour de Saint-Benoît-du-Sault :
« Haut de quatre mètres vingt-cinq centimètres et épais de
soixante-quinze centimètres, conservant ces dimensions jusqu’à un mètre
cinquante centimètres de son extrémité, où il s’amincit assez brusquement pour se terminer en une pointe un
peu fourchue, large de quinze centimètres.
Sa forme, assez grossièrement prismatique, imite un peu, surtout dans le
haut, celle d’une mitre, par l’échancrure qui se trouve derrière la
pointe ; cette imitation est-elle le fait du hasard ou d’un travail
prémédité ? Sa surface est inégale, raboteuse, et porte les traces de
nombreuses cassures. Elle est de grès ferrugineux, qui existe dans le sol. Elle
est près de Chaillac, au-dessous de la Bernardrie, dans un pré appartenant à M.
Pompée Pilaud, propriétaire à Chaillac.
Lors de la vente du pré, faite par M. Delesse-Denoue au beau-père du
propriétaire actuel, le vendeur a fait réserve expresse du monolithe, pour que
les acquéreurs ne puissent pas le détruire. »[13]
Un dessin et une coupe illustrent cette description[14]
(Fig. 8). En dépit des précautions fort louables prises par le vendeur – qui
devait nourrir quelques craintes quant aux intentions du nouvel acquéreur – le
monument fut détruit. Ecoutons le
docteur Gaudon qui évoque cette triste affaire dans son Histoire du Blanc
publiée en 1868[15] : « Il y a peu de
temps encore existait dans une commune de notre arrondissement un menhir
admirable, dont on peut voir les dimensions et la description dans l’ouvrage de
notre confrère M. Beaufort (…). Le propriétaire de la prairie où se trouvait ce
monument celtique, fatigué de voir admirer une énorme pierre qui, pour son
pauvre savoir, n’avait rien d’admirable, donna cinq ou dix francs à un manœuvre
pour arracher cette belle pyramide en granit, la briser et la réduire en
macadam. Depuis des siècles les paysans du lieu avaient respecté ce monument de
la religion de nos pères, l’ignorance d’un désœuvré jointe à un
mauvais esprit l’a fait disparaître pour toujours. »
Fig.
8 – Menhir de la Bernarderie à Chaillac (Dessin d’E. de Beaufort). |
Fig.
9 – Menhir de la Bernarderie à Chaillac (Dessin d’I. Meyer). |
Vingt ans plus tard le docteur Gaudon revient sur cet
acte de vandalisme dans un article qu’il
consacre aux Monuments druidiques de l’arrondissement du Blanc,[16] et
apporte quelques compléments sur les raisons de cette destruction :
« « Il y a une vingtaine d’années environ, il existait dans une
clôture près de Chaillac un menhir magnifique que nous avons vu, qui était
l’unique curiosité du lieu. Il fut détruit, nous a-t-on dit, par le
propriétaire de l’héritage où il se trouvait ; en haine d’un antiquaire de
son voisinage, il le fit arracher et convertir en macadam. »
Ajoutons qu’un excellent dessin d’Isidore Meyer,
exécuté sur place par l’artiste comme à son habitude, figure dans les Esquisses
pittoresques sur le département de l’Indre[17] et confirme la
description d’Elie de Beaufort (Fig. 9).
Un menhir plus
impressionnant encore se dressait peut-être à Montgivray. La tradition locale,
rapportée par l’abbé P.-E. Pascaud en 1889[18],
prétend, en effet, qu’il s’agissait d’un
« monolithe de cinq ou six mètres de hauteur, de forme allongée, et
planté verticalement dans la terre par son extrémité la plus petite. » Il était érigé, toujours selon l’abbé Pacaud,
« tout près du bourg, à 300 mètres sur la droite du chemin qui
conduit à Nohant, en face du moulin de Fontpisse, près des Champs-Paires et des
vignes dites les Châgnades. » Il fut brisé au XVI° ou au XVII° siècle
et ses débris servirent de base à la croix Blanche dressée au carroir du même
nom. « L’endroit où il était placé, ajoute l’abbé, a toujours
été nommé, de temps immémorial, se nomme encore aujourd’hui, et sera toujours
probablement nommé : le Champ de la Pierre. » Faute de
preuves irréfutables, faut-il croire au menhir de Montgivray ? L’abbé
Pascaud est le seul érudit à évoquer cet énorme menhir et chose étrange, le Champ de la Pierre n’est
pas mentionné sur le vieux cadastre de 1841[19]. De
toute manière, en pareil cas, le chercheur se trouve confronté au problème de
l’œuf et de la poule. En d’autres termes, est-ce le toponyme qui aurait fait
naître la tradition ou bien est-ce réellement le souvenir de la pierre qui a
forgé le nom de lieu ? Quant au crédit à accorder à la taille exceptionnelle
de ce menhir – qui serait le plus haut
de l’Indre et du centre de la France – il
est évidemment impossible de trancher de manière définitive mais je
serais cependant enclin à ne lui en
accorder aucun.
* *
*
Certains toponymes sont parfois les seuls indices
remémorant des mégalithes détruits depuis longtemps. C’est généralement le cas
de noms de lieux tels que la Pierre
levée, les Pierres Folles, la Pierre Bure, ou encore la Pierre Bise ou la
Pierre Pointe.[20] Ces dolmens et ces
menhirs ont peut-être été victimes des
édits de l’Eglise qui, devant l’insuccès des prédictions des premiers
missionnaires chrétiens, préconisèrent
la destruction des mégalithes où persistaient des cérémonies païennes. Témoin le canon 20 du Concile de Nantes tenu
en 658 : « Les pierres, que des gens trompés par les ruses des
démons, vénèrent dans les lieux en ruines et dans les forêts, y faisant des
vœux ou les y apportant, qu’on les enfouisse profondément et qu’on les jette
dans un lieu tel que jamais leurs adorateurs ne puissent les trouver… »[21] Il
est évidemment impossible de savoir si dans l’Indre des monuments mégalithiques
ont été détruits pendant le haut Moyen Age pour des mobiles religieux. Mais si
l’on en juge par le nombre de dolmens et de menhirs encore debout, d’autres
stratégies furent manifestement mises en œuvre
dans cet affrontement entre cultes
immémoriaux et croyances nouvelles. Faute de pouvoir supprimer ces
pratiques païennes, on christianisa
certains monuments comme l’atteste l’appellation de « Pierre Saint-Martin »
qui leur fut appliquée – c’est le cas notamment à Sainte-Gemme –, saint Martin
ayant probablement été l’un des premiers à s’opposer au culte des pierres. Une autre stratégie consista à jeter l’anathème
sur certaines pierres en interdisant de prononcer leur nom afin qu’elles
perdent leur pouvoir d’attraction et sombrent peu à peu dans l’oubli. Le menhir
écroulé de la Pierre à Nom à Douadic témoigne de cette attitude : on
prétend, en effet, que toute personne
qui découvrirait et prononcerait son véritable nom périrait aussitôt…[22]
* *
*
Récapitulons. Une quarantaine de mégalithes encore
debout ou identifiables, 15 dont la destruction est avérée et plus ou moins
bien datée, soit un total de 55 monuments dont 27 % ont disparu. Les mobiles
auxquels ont obéi les casseurs de nos mégalithes sont la transformation des
tables de dolmens en meules ou en bases de pressoirs, les désagréments
occasionnés par les allées et venues des érudits et des curieux, la gêne dans
les travaux agricoles et enfin le besoin de matériaux pour paver places et
chemins. Il n’y a là, j’en conviens, rien de bien original et on retrouverait
ces mêmes mobiles dans toutes les autres régions de France. Du moins ce
martyrologe des mégalithes du Bas-Berry confirme-t-il, s’il en était besoin, le
vieil adage latin : « Tempus edax, homo edacior », qu’on
pourrait traduire en ces termes : « Le temps ronge les monuments mais
leurs pires ennemis sont les hommes. »
ANNEXE
Liste chronologique des destructions et des actes de
vandalisme perpétrés à l’encontre des mégalithes de l’Indre
XVI° ou XVII° s. |
Destruction du menhir de Montgivray
( ?) |
1780-1840 | Destruction
lente et progressive des 2 dolmens ( ?) des Pierres Layes de Levroux |
1780-1850 | Destruction
du dolmen de la Buge-Malade à La Châtre-L’Anglin |
1825 | Extraction de matériaux près du
dolmen de Fromenteau à Chaillac qui fait
basculer ce mégalithe |
Vers 1825 | A Vineuil, destruction d’un
mégalithe lors de la construction de la route Blois-Châteauroux |
Vers 1840 | Destruction de 2 menhirs et 1 dolmen à
Argenton lors de la construction de l’hôpital |
Vers 1840 | Un mégalithe est détruit à Cigognolles à Bretagne |
1850-1855 | Destruction
du dolmen de la Pierre Folle à Chabris |
Avant 1862 | Le dolmen des Pierres Folles à Bouges est
mutilé par son ancien propriétaire |
Avant 1873 | Douadic, ensevelissement du menhir de la
Grave |
Vers 1865 | Destruction du
menhir de la Bernarderie à Chaillac |
Avant 1877 | Destruction du dolmen des Pierres Folles à
Arthon |
Avant 1877 | Une tranchée fait glisser le dolmen de
Chalais |
1804-1878 | Moulins-sur-Céphons : des fouilles font glisser certains supports
et disparaître 5 blocs périphériques |
Vers 1880 | Destruction du dolmen des Pierres
Ambeaux à Sougé |
Fin XIX° s. | A Lourdoueix-St-Michel,
destruction de la table du dolmen de la Grosse Pierre pour en faire une base de
pressoir |
Fin XIX° s. ou début XX° |
Tentative de destruction à la mine du dolmen
de la Pierre Levée à Saulnay |
Début XX° s. | Destruction du dolmen de Maillet |
Vers 1935 | Essai de destruction du polissoir des
Augères à Palluau-sur-Indre |
Avant 1939 | Destruction des Pierres Nouilles à
Chaillac |
1945 | Destruction à l’explosif de la Pierre Bourrilière (Ciron) |
1949 | Vol du polissoir de La Châtre-L’Anglin |
1964-1965 | A
Mauvières, le dolmen de l’Etang Prieur
est mutilé lors des travaux connexes du remembrement et poussé dans une
cavité. |
[1] C’est à des chiffres comparables qu’aboutissait Olivier Charbonnier, le premier à avoir réalisé un inventaire raisonné avec vérification systématique sur le terrain, entre 1949 et 1963 (Cf. Préhistoire, protohistoire et gallo-romain de l’Indre par communes, et Mégalithes et tumulus, lieux-dits caractéristiques, polissoirs, pierres à légendes de l’Indre, Ouvrages manuscrits conservés à la Médiathèque de Châteauroux). [2] Tome XXVI (1860-1861). Ce travail a été réédité en 1997 par la Librairie-Edition Guénégaud (490 pages et XV planches). La description du dolmen de la Buge-Malade figure aux pages 56 et 57 de cette nouvelle édition. [3] Op.cit. , Pl. III, fig. 29. [4] Imprimerie Gaignault, Issoudun, 1905, p. 65. [5] Michel Aubrun et Gérard Coulon, Les marques du dolmen du Chardy à Orsennes (Indre) : une énigme résolue…, Cahiers d’Archéologie et d’Histoire du Berry, n° 151 (sept. 2002), p. 17-24, fig. [6] Publiée par les soins de la Revue du Berry, Châteauroux, Paul Mellottée, imprimeur-éditeur, (p. 4 ). [7] Communication inédite de l’abbé Paul Billot (lettre du 30 décembre 1974). Les ossements humains ont été étudiés par le docteur André Méry (Lyon). [8] Gérard Coulon, La Brenne antique, Imprimerie Gibert-Clarey, Tours, 1973, p. 39-41, fig. [9] Gérard Coulon, Jean-Louis Girault et Jean-Claude Marquet, Le polissoir des Augères, commune de Palluau-sur-Indre (Indre), Revue Archéologique du Centre de la France, p. 259-267, fig. [10] Monuments celtiques de l’arrondissement du Blanc, Congrès Archéologique de France, XL° session tenue à Châteauroux en 1973, Paris et Tours, 1874, p. 58 [11] Topographie et monuments gallo-romains de l’arrondissement du Blanc, Ibid., Hors texte p. 112-113. [12] Bourges, Librairie J. David, Paris, Librairie E. Leroux, 1878, p. 44-45. [13] Op.cit., p. 89. [14] Op. cit., Pl. III, fig. 29. [15] A. Aupetit, libraire-éditeur, p. 26. [16] Revue du Centre, 1887, p. 232-239. Les lignes consacrées au menhir de la Bernarderie sont à la page 238. [17] Texte par MM. De La Tramblais, de La Villegille et Jules de Vorys, dessins par Isidore Meyer, Châteauroux, A. Aupetit, Imprimeur éditeur, 1882, p. 179. [18] Montgivray, Revue du Centre, 1889, p. 1-11 (le menhir est évoqué aux pages 2, 3 et 4). [19] Aimable communication de Stéphane Gendron qui a dépouillé systématiquement tous les cadastres anciens des communes de l’Indre en préparant son ouvrage Les noms de lieux de l’Indre (Cf. note suivante). Pourtant la feuille G1 mentionne les Champs-Paires… [20] Voir sur ces toponymes l’index général (p. 519) du remarquable ouvrage de Stéphane Gendron, Les Noms de lieux de l’Indre, Académie du Centre et CREDI Editions, 2004. [21] Cité par Fernand Niel, Dolmens et menhirs, Que sais-je ? P.U.F., 1966, p. 19. [22] Gérard Coulon, La Brenne antique, Tours, Gibert-Clarey, 1973, p. 34, 36-38, fig. |